Nos ondes ont pris un sacré coup de chaud avec la sortie mercredi dernier du clip de ‘Piste Noire’, l’un des titres de « Cruise », le premier EP du groupe Veni Vidi TV. Un clip signé Pierre Godeau, tout en pas de danse et sensualité. L’occasion pour Listen up d’aller à la rencontre de William, Pierre et Gabriel, les trois musiciens qui forment ce projet, pour leur toute première interview!

Nous vous avions déjà parlé de ce groupe que l’on suit de près depuis quelques temps. Il nous avait fait une très belle impression en live et on écoute les 5 titres de « Cruise » en boucle.  Nous avons souhaité en savoir un peu plus sur ces jeunes talents prometteurs, avec un baptême du feu!

  • Pouvez-vous nous raconter comment le groupe s’est formé ? Est-ce votre première expérience musicale ?

Pierre : Le groupe s’est formé à l’initiative de William, le chanteur et guitariste. Il cherchait il y a 3 ans des musiciens pour monter un projet. Lui avait déjà des maquettes de morceaux. Et oui, nous avons tous les 3 appartenu à d’autres projets musicaux avant. Moi par exemple, j’avais un parcours plutôt électro. Je suis co-fondateur du Prisme collective, on faisait surtout de la techno et j’ai tourné pendant 2 ans avec un pseudo (Massian). En passant à Veni Vidi TV, j’ai totalement changé de registre !

William : De mon côté, j’appartenais à une formation rock qui s’appelait The Modern Age, avec qui j’ai tourné pendant trois ans.

  • Comment vous est venue l’idée de ce nom de groupe, qui interroge!  Etes-vous tous les quatre dingues de télé? est-ce une dénonciation ?

William : Avant on s’appelait Designers, c’était un nom que j’avais choisi avant de rencontrer Pierre et Gabriel.

Pierre :  Mais nous ça ne nous plaisait pas trop et on a voulu créer quelque chose ensemble !

William : Le nom est inspiré de la chanson Veni Vidi Vici des Black Lips, que j’aime beaucoup. Et un jour on a cherché un dérivé marquant, on testé plein de noms, Veni Vidi TV est tombé et ça a accroché direct. TV pour moi c’est le sens réseau/ordinateur/digital qui est très présent aujourd’hui dans nos vies. C’est hyper actuel et on est obligé de l’assumer.  On nous dit souvent que c’est très compliqué à prononcer mais maintenant on nous appelle de plus en plus VVTV, ce qui marche plutôt bien ! Après ce n’était pas une réflexion philosophique intense pour trouver le nom !

  • Comment travaillez-vous ensemble ? 

Pierre : ça a pas mal changé par rapport aux débuts du groupe. Par exemple Piste Noire c’est un morceau qui vient vraiment de William et qu’on s’est approprié au fur et à mesure des répétitions. Maintenant qu’on est 3, on développe les idées ensemble. J’envoie par exemple des nappes électroniques à partir desquelles on s’inspire.

William : Moi j’arrivais avec les grosses bases et plus le groupe a commencé à trouver sa patte, moins j’ai eu besoin d’arriver avec un produit fini. Aujourd’hui, on compose pas mal à part égale. A l’origine, je cherchais juste des musiciens et maintenant on est un vrai trio équilibré et chacun sait ce qu’il peut et doit apporter, ce qui est une super évolution ! On connait notre son et on l’a vraiment défini ensemble.

  • Quelles sont vos influences ? Partagez-vous les mêmes ?

Pierre : On aime des groupes en commun mais après chacun a une spécificité orientée. Par exemple moi je suis plus fan des premiers groupes électro type Kraftwerk.

William : Moi c’est plus rock : Radiohead, les Foals, Talking Heads. Après New order et Joy division sont des références qu’on a tous en commun. J’adore Doc Gyneco aussi !

Gabriel : Si je partage les mêmes goûts que William en matière de rock, je suis plus éclectique et je m’intéresse beaucoup à l’électro, au hip-hop, à la funk, à tout ce qui est house aussi.

Pierre : Gabriel c’est notre petit soleil rythmé !

  • C’est seulement votre premier EP et on sent dans votre musique une certaine maturité. Tous vos morceaux sont très maîtrisés, les mélodies accrochent, sont entraînantes jusqu’à rentrer dans toutes les têtes. N’y aurait-il pas eu la composition de plusieurs autres EP dans l’ombre que vous auriez jeté à la poubelle par souci d’hyper-perfectionnisme ?

Pierre : Bien vu ! Pour la petite histoire, il y a eu un premier EP qui a été jeté à la poubelle. C’est un ami qui l’avait mixé et le seul morceau que l’on a conservé c’est Drinkers, puncher, lovers. Ce premier EP était prêt il y a un an mais plus on l’écoutait, moins il nous plaisait.

William : C’était surtout que ça ne ressemblait pas au son que l’on voulait avoir. On n’avait pas encore la vision exacte de ce qu’on voulait donc le faire mixer par quelqu’un d’autre était compliqué. On a aussi composé une dizaine de morceaux qu’on a joué à nos concerts pendant un an et demi, qui font partie de notre apprentissage en tant que groupe. Donc oui on a pris notre temps !

Pierre : Cruise est notre première prise de parole et on au moins avec ces 5 morceaux, on sait qu’on est sûr de nous !

William : Au final, la création de l’EP a pris 1 an et demi. Mais ça c’est fini, maintenant on ira beaucoup plus vite !

Pierre : Maintenant on compte faire un EP par jour !

  • Qu’avez-vous voulu raconter et transmettre avec Cruise ? Y-a-t-il un fil conducteur qui lie les 5 morceaux ?

William : J’écris les textes. Il n’y a pas de volonté particulière, ce n’est pas un manifeste. Ça va être bateau mais ça parle énormément de liberté, d’évoluer dans notre ville, de notre quotidien urbain. On aime beaucoup notre ville, la vie nocturne qu’on a à Paris.

Pierre : Ce qu’on veut dégager, c’est une première prise de parole donc c’est aussi toute une direction artistique pour que le résultat soit cohérent, tout un travail d’entité sonore.

  • Du coup vous êtes complètement rats des villes ou un peu rats des champs ?

Pierre : on est surtout rats ! (rires)

William : Si certains potes aiment se mettre au vert pour composer, pour moi c’est l’inverse. Tout l’EP a été enregistré en ville, on aime le béton ! Ce qui m’inspire, c’est de prendre le métro ou les rencontres que je vais faire quand je bois un verre dans un bar. On répète à Pantin, on est ancré dans un territoire urbain et je pense que ça se ressent énormément.

  • Quand on vous écoute, on est loin de se douter que vous êtes français car votre musique sonne très anglo-saxonne (Personnellement, je trouve une certaine filiation avec le goupe anglais Kasabian ou encore Franz Ferdinand). Est-ce que cela est dû à vos influences? Etes vous d’accord avec cette analyse ?

William : Personnellement, mes influences sont exclusivement anglo-saxonnes et je les partage avec le reste du groupe. On est assez d’accord pour Kasabian, mais pour leurs premiers disques, pas les actuels ! J’ai vécu à Londres, je parle anglais depuis tout petit, c’est quelque chose qui est omniprésent. Ecrire en anglais est naturel, ce n’est pas une question qui se pose. Après nous sommes ouverts au mélange avec le français, comme nous l’avons fait pour le titre ‘La fille entre les deux’.

  • Vous sentez-vous quand même proches de la scène indé parisienne ? Y-a-t-il des artistes avec qui vous souhaiteriez collaborer ?

William : On a des copains dans la scène indé parisienne comme les Natas Love You qui s’appellent maintenant les Human Tongue (concert à l’alimentation générale samedi dernier),  on a aussi partagé pas mal de plateaux avec Moonsters. C’est cool d’avoir ces connexions là mais musicalement, on n’est pas très proches de la scène parisienne.

Pierre : On aimerait se rapprocher de la scène anglo-saxonne. Pour le moment, ça tient juste à un problème d’organisation ! On a tenté un co-plateau avec Splash, un groupe originaire d’Australie installé en Angleterre, à l’espace B. On a aussi tous les trois beaucoup accroché sur le groupe Formation, et j’aimerais beaucoup qu’on fasse leur première partie, ou qu’ils fassent une première partie de nous ! Sinon il y a Suuns et Jagwar Ma qu’on aime beaucoup.

Gabriel : Sinon, pour les groupes avec qui on a du plaisir c’est Bellevie, que l’on a invité à notre release party. C’est un projet jeune, avec un côté pop française ambient. Ça n’a rien à voir avec ce qu’on fait mais ça a très bien fonctionné !

William : J’ai découvert récemment Lea Porcelain, c’est des berlinois, le nom est pourri mais c’est super bien ! Il y a aussi Vague, un groupe psyché indé allemand.

  • Votre titre Dinkers Punchers liners a eu droit à un très joli clip et un deuxième va bientôt sortir pour Piste Noire. Comment ont-ils été réalisé ?

William : Aujourd’hui, c’est un aspect fondamental, pour se faire connaître et montrer son univers. Pour Drinkers punchers liners, on a confié la direction artistique à un pote, Nicolas Crichton. On avait un cahier des charges très simple qui rendait la chose intéressante (on veut un clip, on a peu de temps et pas d’argent !). Ensuite il a sorti 4 idées et l’une d’entre elles nous a paru évidente. Pour Piste Noire, c’est le même fonctionnement avec un autre copain. Il avait envie de travailler avec la danse et on a souhaité lui laisser la main. On a surtout envie qu’il prenne du plaisir, et ça rend de belles choses !

Pierre : On avait tenté il y a quelques années de réaliser nous-mêmes notre clip mais pour le moment, ce n’est pas notre priorité, on est un groupé indé, on a beaucoup de choses à gérer.  Autour de nous il y a des gens qui ont du talent et qui nous comprennent, donc on fait jouer la communauté ! On s’aide à émerger les uns les autres plutôt que de rester chacun dans notre coin.

  • Avant de se quitter, pouvez-vous nous dire ce que vous prévoyez pour la suite ?

William : Devenir U2 ! (rires). Pour le moment, on n’est pas trop entourés. On considère cet EP comme une carte de visite qui nous servira à nous entourer, éventuellement à se trouver une structure de management. Jusqu’à présent, la question des labels ne se posait pas vraiment car on a tout fait nous-mêmes. Pour l’avenir, on ne prévoit pas grand-chose à part enregistrer, enregistrer, sortir de la matière, et voir ce qui se passe !

Pierre : Aujourd’hui, on a 4/5 morceaux qui sont prêts et qu’on aime beaucoup, mais on se pose la question du format, dans quel contexte on va sortir ces éléments.

William : Le format EP/Album n’est plus franchement nécessaire. On pense à sortir des sons clipés au compte-goutte, au cours de l’année. Ça rend l’aventure plus vivante !