par Mickaël Burlot et Maxime Glorieux
Pour le millésime 2017 de son dispositif Séquence, le FGO-Barbara a révélé une cuvée all stars avec, entre autres, Agar Agar et Renart, mais également l’artisan sonore à la calvitie artificielle, Jacques. L’occasion d’un entretien croisé avec le groupe Bagarre, zinzins en complet Adidas et révélation de l’édition 2016. Près d’une heure en compagnie d’Emmaï Dee (Emma), Maitre Clap (Cyril) et Jacques pour parler live, notoriété, copains… et Pokemon.
Pour commencer, focus sur le dispositif Séquence, lancé en 2016. Salles de répétitions, formation juridique, aide financière pouvant aller jusqu’à 7 000€ : il est une opportunité rare pour tout groupe parisien voulant se professionnaliser. Si la formation Bagarre en a profité lorsqu’elle gravissait les marches une par une, la sélection de Jacques cette année peut sembler tardive mais reste une évidence.
Listen Up : Commençons par Jacques, le plus jeune… du dispositif Séquence ! Te voilà sélectionné par le FGO-Barbara, quelles sont tes attentes ?
Jacques : L’argent, en premier, parce qu’avec l’argent tu peux créer ce que tu veux. Sinon, je n’attends rien des autres groupes, car je n’ai pas envie d’être déçu. Mais si je fais une belle rencontre, ce sera du bonus ! En discutant, on s’est dits qu’on allait faire un concert ici, au FGO-Barbara, car ils ont un système son spécial. C’est un système incrusté dans les murs et qui passe dans les câbles, les canalisations d’eau, avec Pro Tools. Au final, quand tu fais ton concert en bas, dans la salle, tu le récupères en multi pistes. Je pense l’utiliser, car j’ai envie de faire un live improvisé en multi pistes.
Listen Up : Vous, Bagarre, vous avez pu bénéficier de résidences grâce au dispositif Séquence ?
Emmaï Dee (Bagarre) : Oui, ça s’est fait au dernier moment, juste avant que l’on parte à Montréal (pour les Francofolies, ndlr), on ne pouvait pas tout emporter, on a appelé le FGO et ils ont nous prêté la salle de concert pendant trois jours, en faisant un prix, c’était top.
Jacques : Vous avez fait partie du dispositif Parcours, vous ?
Maitre Clap (Bagarre) : Alors, je crois qu’on avait postulé, mais le truc est resté en suspens…
Emmaï Dee (Bagarre) : … mais oui, on l’avait eu, et on ne le savait pas ! (rires) On voulait répéter ici (au FGO-Barbara, ndlr), et ils nous avaient dit qu’il fallait faire partie de Parcours, on ne le savait pas, on a appelé, et on nous a dit qu’on était déjà dans le dispositif… !
Maitre Clap (Bagarre) : On était jeunes encore…
Emmaï Dee (Bagarre) : … on n’avait pas tout compris ! Par contre, on a eu un accompagnement juridique avec Séquence, c’était bien ! À l’époque, on était en transition, ça tombait hyper bien. Ils te disent comment ne pas te faire arnaquer dans les contrats, par exemple.
Maitre Clap (Bagarre) : Oui, c’est vraiment une formation sur les notions juridiques auxquelles tu peux être confronté. C’est peut-être pour ça qu’on a des managers chanmés maintenant, qu’on a su bien les choisir. Le mec n’est pas venu nous voir pour nous offrir une boite de cornflakes en nous disant « venez, on travaille ensemble ! » (rires). On serait revenus s’il y avait eu d’autres journées de formation parce qu’une seule journée, c’est court ! Au final, cette formation te permet d’être plus autonome, et puis l’argent te permet d’acheter du matériel.
Jacques : Vous avez acheté quoi ? (avec une voix enfantine, rires, ndlr)
Maitre Clap (Bagarre) : Du matériel de bonne qualité, pour le studio.
Emmaï Dee (Bagarre) : Un nouveau micro, une carte son… on s’est faits plaisir, et en même temps c’était du matériel nécessaire.
Jacques : Oui, si tu ne l’as pas, tu kiffes pas !
Emmaï Dee (Bagarre) : Une dernière chose à propos du dispositif Séquence, c’est qu’ils peuvent te mettre en relation avec les associations de FGO-Barbara. On aimerait prendre le temps de monter des projets avec elles, on ne l’a pas encore fait. Les associations de quartier, de danse…
Jacques et Bagarre s’inscrivent dans une vague de pop française et francophone qui rafraîchit les club de Paris et de province. Si certaines plumes aimeraient les ériger en représentants, ils ne se revendiquent pas comme tel. Comment se porte ce mouvement ? « Il n’y a plus de réels lieux de référence en ce moment » déclare Jacques. Cet entretien était l’occasion de faire un point.
Listen Up : Jacques, tu dis avoir des réticences à travailler aujourd’hui avec d’autres formations. Quelle est ta vision de la scène francophone actuelle ?
Jacques : Il y a de beaux projets ! On manque de recul, on est tout le temps à Paris. Je rentre de moins en moins à Strasbourg. C’est drôle, je me rends compte que beaucoup de potes jouent sur le plateau de l’émission Quotidien, alors qu’il y a quelques années, à Strasbourg, j’aurais été étonné rien que par le fait qu’un de mes potes soit dans le public ! (rires)
Emmaï Dee (Bagarre) : Je pense qu’il y a une bonne énergie globale dans cette nouvelle scène, il y a un truc.
Jacques : Cette scène se fait aussi par les line-up de festivals. Je commence à comprendre les stars qui trainent toujours ensemble, comme tu traines avec les mêmes groupes en festivals, vous voyez ? Tu es programmé sur les mêmes line-up, tu es confronté aux mêmes problèmes, qui arrivent en même temps. Un problème que l’on partage par exemple est le fait que les gens te connaissent maintenant, donc quand tu composes de la musique, tu penses à ce qu’ils vont penser.
Listen Up : Jacques, à propos de cette nouvelle scène, tu as cité dans les Inrocks la théorie des Pokémons, tu peux l’expliquer ?
Jacques : Ah oui, je dis ça parce que je trouve que les groupes répondent toujours les mêmes trucs aux questions qu’on leur pose, comment ils se sont rencontrés, etc. Au final, on dirait des Pokémons qui disent toujours la même chose.
Listen Up : Nous pensions que c’était plutôt à propos de l’hyper-concurrence dans la musique, chacun des groupes devant avoir une esthétique pour être identifié.
Jacques : Oui, il y a effectivement de ça. Ma comparaison n’est absolument pas péjorative, cela avait été écrit dans les Inrocks comme si je les prenais de haut, alors que non. On parlait des tourneurs qui ont plein d’artistes qu’ils veulent faire jouer dans leur festival. Ils sortent alors les artistes comme s’ils étaient dans des Pokeballs en mode « je vais faire jouer ça, et ça » — et l’autre tourneur qui dirait « alors moi je vais jouer ça, ça, et ça ». Et nous, on vient jouer la chanson, toujours la même, comme si on disait notre nom : « Jacques, Jacques, Jacques » (rires).
Emmaï Dee (Bagarre) : Nous, on le fait aussi : dans Bagarre, tu peux choisir le Pokémon qui te correspond.
Maitre Clap (Bagarre) : Oui, surtout que nous, on annonce notre nom au début de nos concerts avec « Bonsoir, nous sommes Bagarre, bonsoir, nous sommes Bagarre » (rires)
Jacques : Oui, c’est vrai. Pour revenir sur la scène, je trouve qu’il y a plein de projets intéressants, on a tous notre projet, notre personnalité, il n’y a pas de doublons. Il y a Flavien Berger qui fait son truc, différent de La Femme, qui a un projet dans son univers, de même que Salut C’est Cool, Bagarre, Superpoze… On ne fait pas un genre musical, mais c’est vrai que nous sommes vraiment éclectiques. Mais, un jour, un des artistes de cette scène peut se mettre à travailler beaucoup plus que les autres son projet, et peut-être que les autres suivront et cela créera un style spécifique de la scène française.
Listen Up : Qui, selon toi, pourrait ouvrir la brèche et représenter ce mouvement ?
Jacques : Je ne sais pas. Sans doute un groupe qui n’existe pas encore. C’est souvent comme ça dans l’histoire de la musique. Il y en a un qui sort du lot significativement, puis les autres suivent et travaillent également, ainsi de suite.
Listen Up : Et vous Bagarre, votre vision ?
Emmaï Dee (Bagarre) : C’est une question que l’on nous pose souvent, mais surtout sur les groupes qui chantent en français. Car, quand on parle de la nouvelle vague francophone, cela recoupe différents styles et influences.
Listen Up : C’est sûr qu’il est difficile de comparer Fishbach à Cléa Vincent !
Emmaï Dee (Bagarre) : Exactement !
Jacques : C’est comme quand on parle de musique électronique, c’est super large.
Maitre Clap (Bagarre) : C’est surtout que la scène française a connu une espèce de parenthèse, à un moment où l’on chantait en anglais. Mais si tu regardes la culture punk ou rap, tout le monde a tout le temps chanté en français.
Emmaï Dee (Bagarre) : C’est juste la pop qui a évolué vers l’anglais pendant une période.
Listen Up : Dans cette scène, vous avez tous vos différences, mais il y a plusieurs points communs entre Bagarre et Jacques : une vraie culture du live, de vrais shows, et une forte culture du DIY. A quel point ces deux points sont ancrés dans votre ADN ?
Emma (Bagarre) : La culture du live a été quelque chose de présent dans notre ADN dès le début.
Maitre Clap (Bagarre) : Oui, on faisait des morceaux mais je ne savais pas trop pourquoi on faisait ça, mais quand on faisait un concert, là, ça faisait sens ! Je nous vois comme un groupe de rock, on y est allés fort dans les live et c’était cool. On a donc voulu composer des chansons pour nourrir ce live. Puis on s’est pris au jeu au fur et à mesure pour écrire de bonnes chansons. C’est pour ça que le live a toujours été à la base du projet.
Jacques : En même temps je trouve que votre projet, c’est une façon de clubber. A partir du moment où il y a un concert de Bagarre, ce n’est plus un concert mais c’est une mini soirée club avec une énergie monstre et un gros bordel dans le public comme sur scène. Au contraire, La Femme, ce n’est pas pareil. Moi non plus, c’est une performance, limite intello, je ne suis pas dans un délire où je dois faire danser les gens.
Listen Up : Certes, mais tu as quand même évolué, par rapport aux débuts…
Jacques : Oui, c’est vrai.
Listen Up : Et justement, vous avez tous deux une approche différente sur le clubbing. Jacques, tu as joué au Rex pour la soirée French Waves, tu avais également joué à la Machine du Moulin Rouge pour le Mama. Bagarre, vous avez également fait une date au même endroit pour votre Mega Club Makers. Quel est votre perception du club dans sa symbolique et par rapport aux années 80, plus subversive, moins démocratisée ?
Emmaï Dee (Bagarre) : Je pense qu’aujourd’hui, ce n’est plus créé par des lieux, mais par des personnes, des collectifs qui s’emparent de lieux. Ce n’est plus les lieux et les styles de musique qui peuvent réunir. Ces collectifs apportent leur univers dans un endroit et englobent un public plus large. On va moins maintenant au Rex maintenant, mais on va plus « à la soirée Fils de Venus », « à la soirée Mon Cul » etc.
Jacques : C’est vrai qu’il n’y a plus de réels lieux de référence en ce moment. Mais quand il y en aura, ce sera le bordel, dans un an ou deux, quand la scène dont on parlait aura trouvé son QG. Comme le Social Club avant, la Concrete et le Weather au début, car maintenant ils sont rentrés dans les normes.
Maitre Clap (Bagarre) : Ouais, il y a eu un moment où il y avait plein de soirées dans les squats, puis il y a un moment où ça s’est assagi.
Listen Up : Bagarre, vous faites, comme vous le dites, de la « musique de club ». Pouvez-vous nous dire comment vous la définissez ?
Emmaï Dee (Bagarre) : On a fait ce choix car les grosses influences de Bagarre, ce sont ces musiques nées dans les clubs, qui sont des musiques populaires, avec des textes qui parlent immédiatement aux gens qui les écoutent, avec une communication orale. C’est plus la symbolique du club qui nous parle. C’est vraiment dans cet état d’esprit qu’on le définit.
Listen Up : Oui, effectivement. Mais au moment où les musiques perdent leurs étiquettes, est-il pertinent de garder ces genres ? La pop, ça ne signifie plus vraiment grand-chose, non ?
Emmaï Dee (Bagarre) : Oui, c’est sûr !
Maitre Clap (Bagarre) : C’est comme les légumes, la tomate par exemple : tu as d’autres catégories, là c’est pareil ! (rires) C’est vrai que c’est quand même kiffant d’inventer de nouveaux genres… !
Listen Up : La nouvelle génération a une volonté de brouiller les pistes, de casser les codes et de créer quelque chose de nouveau…
Jacques : Oui c’est certain. Quand on regarde Bagarre, c’est quelque chose de totalement nouveau. Mon style est chelou mais c’est beaucoup plus identifiable pour quelqu’un qui écoute d’une oreille et qui ne connaît pas : il va dire c’est de l’électro, de la techno. Alors que Bagarre, c’est plus compliqué de prime à bord. Quand je les écoute, je me dis « mais ce sont quoi leurs influences ? Où est-ce qu’ils étaient quand, moi, j’écoutais AC/DC, plus jeune ». Ça me le fait également avec Salut C’est Cool. Autant La Femme et Flavien Berger, je vois très bien ce qu’ils ont écouté, autant Bagarre et Salut C’est Cool, je ne vois pas ! (rires)
Maitre Clap (Bagarre) : ça sera plus hard-tech, gaber, etc.
Jacques : Ouais, mais c’est vrai que jamais aucun de mes potes n’écoutait ça !
Maitre Clap (Bagarre) : Salut C’est Cool, c’est assez conceptuel donc on peut se demander si eux-mêmes sont allés à ces soirées.
A notre gauche, un musicien seul assemble en live des sons et objets de notre vie quotidienne. A notre droite, un groupe joue avec les mots comme avec les rythmes pour construire des tubes d’une violence jouissive. S’ils partagent la même vocation, celle de nous faire danser, Jacques et Bagarre sont deux projets radicalement opposés. Dans cette partie plus personnelle, nous avons parlé travail, notoriété et projets en cours (attention, exclus !).
Listen Up : Bagarre, vous jouez avec les mots, Jacques, toi, avec les objets. Si Bagarre devait choisir un mot, ça donnerait quoi ?
Emmaï Dee (Bagarre) : Carrelage !
Maitre Clap (Bagarre) : Oui, Carrelage ! C’est vrai, c’est un mot franchement what the fuck à mettre dans une chanson. Il est dans Mourir au club et Claque-le, on a plusieurs fois le mot « carrelage » dans nos chansons.
Listen Up : Et toi, Jacques, un objet ?
Jacques : Du carrelage (rires). En fait, c’est ça le point de rencontre entre Jacques et Bagarre !
Emmaï Dee (Bagarre) : C’est une cuisine !
Listen Up : Jacques, tu pourrais casser du carrelage en live…
Jacques : Je l’ai fait dans une vidéo que je n’ai jamais sortie d’ailleurs – oui, je fais des vidéos qui ne sortent jamais. J’avais un carreau de carrelage et je l’ai cassé, la vidéo était un peu naze, c’était le seul moment cool !
Listen Up : Peux-tu nous parler de la méthode Daft Punk, évoquée également dans les Inrocks ? Tu disais qu’elle consistait à détourner l’attention en se cachant derrière un élément qui sort de l’ordinaire ? On sait que ton projet marche de mieux en mieux. La méthode Daft Punk, c’est la peur de la « célébrité » ?
Jacques : J’ai une relation spéciale avec les gens. Avant, cette coiffure n’était pas encore devenue une stratégie de communication clairement assumée. Maintenant, je me rends compte que si je me rase la tête, les gens ne me reconnaitront plus.
Listen Up : Oui, on t’avait croisé aux Transmusicales et tu avais mis volontairement ton bonnet pour ne pas être embêté…
Jacques : Oui ! C’est comme en politique, tu dis à tout le monde de regarder par-là, pour faire ton truc de ton côté. J’ai goûté un peu à ce que c’est de se faire reconnaître, et en fait c’est relou. On te reconnaît et on te dit « ah tiens ! où est-ce que je t’ai déjà vu ? ». Avec ma coiffure, c’est foutu, je suis identifié direct. En même temps, c’est une coiffure offensive.
Maitre Clap (Bagarre) : …c’est la crête inversée !
Jacques : Oui, c’est une attaque à la mémoire (rires), directement enregistrée dans un dossier.
Emmaï Dee (Bagarre) : Nous c’est différent, c’est divisé en cinq, je me sens vraiment protégée par ça. Même quand on me reconnaît, je trouve ça ok parce que ce n’est pas que moi. Si j’avais mon projet solo, ce serait plus difficile.
Jacques : Moi, je voulais avoir un groupe à la base mais ça n’a pas marché…
Listen Up : Bagarre, vous composez à cinq, de manière démocratique, vous confirmez ?
Emmaï Dee (Bagarre) : ça discute beaucoup, pour se mettre d’accord. Comme on a envie qu’il y ait un peu de nous tous là-dedans. Ce n’est pas une envie d’ailleurs, là ça devient réel, on ne peut pas éviter de se retrouver tout le temps. On a commencé en partant un mois tous les cinq, à la campagne, c’était super. C’était simple, on avait plusieurs postes de travail et tous les soirs, on parlait de ce que l’on avait fait.
Maitre Clap (Bagarre) : Tu gagnes tellement d’énergie, parce qu’en un mois on a fait ce que l’on essayait de faire depuis longtemps.
Listen Up : Oui, mais vous aviez tellement de concerts…
Maitre Clap (Bagarre) : Oui, on a eu la prétention de dire que l’on allait tout faire en même temps, mais non, ça ne marche pas.
Emmaï Dee (Bagarre) : Aujourd’hui, on bosse dans deux endroits différents, et on est tout le temps plus ou moins deux par deux, on se retrouve deux fois minimum tous ensemble par semaine.
Listen Up : Vous avez des duos de prédilections ?
Emmaï Dee (Bagarre) : Ça dépend de ce qu’on a besoin de faire, ça tourne tellement en fonction des besoins. On s’est rendus compte que certains avaient plus de facilités, en écriture, en arrangements, en production etc…
Maitre Clap (Bagarre) : On est encore en train d’apprendre à travailler ensemble…
Jacques : Vous avez vu le documentaire de Metallica, Some Kind of Monster ? Ça fait 20 ans que le groupe marche bien, qu’il est le plus riche des Etats-Unis et tout. Pendant deux ans ils n’ont pas fait de son, ils ne peuvent plus se saquer. Un mec les a filmés pour ce documentaire, ils doivent faire un album. Le documentaire s’étale sur plusieurs années, tu vois comment ils composent etc, c’est ouf !
Emmaï Dee (Bagarre) : Ah ouais ! Nous, on a la chance de se kiffer, sinon c’est impossible !
Jacques : Si Metallica l’a fait, tout le monde peut le faire. Moi, ça a été un échec mon groupe, mais ce documentaire me donne de l’espoir, je me dis qu’ils ont réussi à faire cet album dans cette situation.
Listen Up : Monter un groupe, c’est la suite pour toi Jacques, c’est l’un de tes objectifs ?
Jacques : Oui, parfois je me dis que ça serait beau si j’arrivais à fonder un groupe. Mais ce ne serait pas « Jacques & the rest of the world » !
Emmaï Dee (Bagarre) : Malgré toi, ce sera forcément ça !
Jacques : Non, ça dépend qui je rencontre. Tu vois, là je bosse avec Cédric de Club Cheval, il envoie du pâté. Je sais que si j’ai un groupe avec lui, ce qui n’est pour l’instant pas le cas, ce serait une admiration mutuelle, une course, mais saine. Dans ce cas-là, je ne donnerais pas les ordres car il est force de proposition. Ce qui est quasiment sûr, c’est que si jamais un jour je monte un groupe, je le ferai avec quelqu’un qui a une carrière entamée.
Listen Up : C’est ce qu’a fait Fishbach avec les membres de son groupe, qui avaient déjà leurs projets de leur côté.
Jacques : Oui, c’est vrai, ils ont tous sorti un album etc… Il devait y avoir ça dans l’annonce, pour candidater, il fallait avoir fait un album (rires).
Listen Up : Bagarre, quel est le morceau que vous préférez de Jacques, et inversement ?
Jacques : Mon morceau préféré de Bagarre, c’est Le gouffre. Par contre, je ne sais même pas si vous connaissez mes morceaux, j’en ai que deux qui sont sortis.
Maitre Clap (Bagarre) : J’avais aimé Phonochose #1, qui est vraiment chanmé, sur la performance, arti…artistique ?
Jacques : Vas-y, sors-le : « arty » ! (rires)
Maitre Clap (Bagarre) : Ton live qu’on avait vu, la fois où on avait joué ensemble…
Emmaï Dee (Bagarre) : Ah oui, c’était trop bien !
Jacques : à Vie Sauvage, c’était vraiment sauvage d’ailleurs !
Maitre Clap (Bagarre) : Oui, ton live était à la fois arty, justement, et club, les deux côtés étaient très cool, tu avais bien réussi la fusion des deux, je me suis dit que c’était balèze.
Listen Up : A la Douve Blanche, tu nous avais dit que tu enregistrais tous tes lives de l’été pour en faire un album, ça en est où ?
Jacques : Oui, je l’ai sur mon album. J’ai plein d’enregistrement de live, mais je ne sais pas quels titres leur donner.
Emmaï Dee (Bagarre) : Tu peux les appeler Carrelage 1, Carrelage 2 etc… (rires) !
Maitre Clap (Bagarre) : Un disque de carrelage !
Jacques : Je vais ouvrir une « carrelerie » ! (rires)
Listen Up : Plus sérieusement, le projet a avancé ?
Jacques : Oui, ça avance… En fait, j’envisage rarement la sortie de mes titres, j’ai l’impression de les couver. Je fais un peu de la rétention, plein de tracks, mais je les sortirai quand je sentirai que ça fera sens. J’ai envie que tout fasse sens et soit aligné, c’est une sorte de perfectionnisme qui peut être dangereux. Par exemple, Dans la radio, je ne pensais pas sortir un titre de 3min30 chanté mais ça faisait sens, du coup je l’ai fait. J’ai mis un an et demi avant de la sortir, elle a trois ans cette chanson. Au final, ça passe un peu en radio quand même, et c’est hyper cohérent en terme de naming (rires). Mais tu vois, si l’on m’invite en télé pour jouer Dans la radio, je ne le fais pas.
Listen Up : Tu nous avais dit que tu n’avais jamais préparé de live pour ce titre, c’est ça ?
Jacques : Non, effectivement. Mais par contre, dans mon Ableton live, j’ai un bouton « au secours Dans la radio » et ça lance un playback de Dans la radio ! (rires) On sait jamais, si quelqu’un me le demande… ! ça m’est arrivé deux fois pour l’instant.
Emmaï Dee (Bagarre) : Nous c’est différent, si les gens nous emmerdent, on a la chance d’être entre nous. On a le choix en fait : soit c’est trop cool et convivial, soit on se retrouve entre nous et c’est cool aussi.
Jacques : Moi, j’ai toujours l’effet du siphon : si jamais il y a dans la salle un gars qui siphonne l’ambiance parce qu’il dit de la merde ou que ça ne le fait pas, alors je perds confiance en moi, j’improvise, et là… c’est horrible ! Maintenant, quand je vois arriver le siphon, je me dis « c’est bon, je te connais ! » (rires)
Listen Up : et, dans ce cas, tu presses sur le bouton « au secours Dans la radio » ?
Jacques : Oui, c’est le bouchon en fait, Dans la radio ! (rires)
Listen Up : Jacques, si Bagarre était un Pokémon ?
Jacques : On peut faire un parallèle carte Magic ? Un Slivoïde ! Plus tu as de Slivoïdes, plus elles ont de force. Ils sont interdépendants : sur les cartes c’est écrit « tel Slivoïde a tel pouvoir mais il a aussi tel pouvoir si tel Slivoïde est sur le terrain ».
Listen Up : et vous Bagarre, si Jacques était un Pokémon ?
Maitre Clap (Bagarre) : Psykokwak ! (approbation de Jacques, ndlr). Au départ, tu te dis « c’est quoi ce Pokémon ? », mais au final il est trop fort, en secret !
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