De passage en France pour la toute première fois, Gus Dapperton a livré à l’Olympic Café un concert bouillant, sur scène comme dans le public. Rencontre avec le nouveau génie de la pop, quelques heures avant un deuxième concert complet le lendemain.

Il était l’un de nos espoirs 2018 et il semblerait qu’il soit un pari gagnant. De semaine en semaine, Gus Dapperton étonne. Encore mineur dans son pays, le jeune américain a connu un succès fulgurant depuis la sortie du single I’m Just Snacking, il y a tout juste un an. Cette année, Gus Dapperton avance à pas de géant. En mars, le voici, avec son groupe, sur les plus belles scènes du prestigieux South by Southwest à Austin (Texas), provoquant l’hystérie dans le public, la nuit tombée comme en plein après-midi. Un mois plus tard, dans ses nombreuses stories Instagram, on découvre que l’une de ses fans s’est fait un tatouage à son effigie. Aujourd’hui, l’agenda de Gus Dapperton est bien rempli, avec des passages très attendus à The Great Escape (Brighton) et à We Love Green (Paris), où il pourrait provoquer la même ferveur que Parcels l’année dernière.

Retour en février dernier. Alors que l’hiver s’installe dans les rues parisiennes, la cave de l’Olympic Café connaît un pic de chaleur sans précédent. La foule est dense, très dense, et la moyenne d’âge est sous les 15 ans dans les premiers rangs. Plusieurs kids arborent la même coupe de cheveux fantasque que Gus, soit une coupe au bol raccourcie à l’extrême. Sur scène, c’est salopettes pour tous, dans une ambiance de colonie de vacances. « Les membres de mon groupe sont mes meilleurs amis » nous confie Gus Dapperton. Parmi eux, sa soeur, Megan Rice (Maggie), est la surprise de cette tournée, tant elle assure ses parties vocales avec une aisance inédite.

Le lendemain, nous retrouvons Gus quelques heures avant un deuxième concert parisien au Pop Up du Label, ajouté pour répondre à l’engouement que beaucoup n’avait pas vu venir. Le jeune adolescent de 20 ans impressionne tant il est déjà rodé à l’exercice de l’interview, les yeux dans les yeux, sans aucune hésitation.

Quel concert hier, à l’Olympic Café, et quelle prestance ! Vous paraissiez plus sûr de vous que sur les sessions YouTube sorties à l’été 2017. Sentez-vous la différence de concert en concert ?
Gus Dapperton : Oui, l’énergie est totalement différente lorsque l’on joue devant un public plutôt que devant une caméra. Par exemple, lorsque je danse sur scène, les gens dans le public dansent également. Nous avons bien évidemment grandi en groupe mais je ne suis pas habitué à jouer en live comme d’autres musiciens en groupe. Je suis davantage un producteur et par conséquence je ne suis pas encore rodé en tant que musicien ou chanteur. Nous nous affirmons donc de fur à mesure comme un groupe live…

C’est votre première tournée en Europe, dans des pays où vous avez le droit de boire de l’alcool, ce qui n’est pas le cas chez vous, aux Etats-Unis…
Gus Dapperton : Je devais faire cette tournée avant mes 21 ans ! Je n’ai jamais été en Europe avant, et le reste de mon groupe est également mineur aux Etats-Unis. Nous étions donc très excités à l’idée de pouvoir boire de l’alcool ici, en Europe. Nous en profitons et… nous essayons… d’être bourrés le plus possible ! (rires) C’est cool, j’aime être détendu avant les concerts. Pour être honnête, je bois deux bières pour que mes doigts ne soient pas rigides quand je joue de la guitare. Mais je ne suis jamais ivre sur scène, seulement un peu alcoolisé, pour ne pas être stressé.

Vous fonctionnez comme une famille avec votre groupe. Quelles sont vos relations et comment ça se passe sur la tournée ?
Gus Dapperton : Les membres de mon groupe sont mes meilleurs amis, et ma sœur joue dans le groupe. Nous nous sentons comme une grande famille, sur la route, avec notre tour manager Ryan qui nous aide énormément, un mec génial. Une vraie famille !

Votre sœur Megan Rice joue donc des claviers dans votre groupe. En live, ses chœurs sont d’avantage mis en avant et le résultat est fabuleux. Sa voix est une force sur cette tournée, est-il envisageable de former un duo sur certains titres à l’avenir ?
Gus Dapperton : Maggie est une compositrice et interprète incroyable, nous avons déjà écrit des titres ensemble et j’ai également fait un peu de production pour elle. Elle chante et joue des claviers mieux que moi. Elle est très jeune et cherchait son propre son, je pense qu’elle l’a trouvé désormais. On va sortir quelques-uns de ses titres, surement pour l’été 2018.

Sous son propre nom ou sous le vôtre ?
Gus Dapperton : Ces titres seront sous son nom. J’ai une vision très précise de mon projet, et je ne suis pas ouvert aux featurings mais j’ai hâte de travailler avec Maggie sur ses titres.

Hier soir, à l’Olympic Café, vous portiez une combinaison, comme un astronaute… ce qui vous donnait des airs de David Bowie. Il doit être une grande influence pour vous, au niveau musical comme vestimentaire ?
Gus Dapperton : David Bowie est une influence majeure, en tant qu’artiste. Je ne parle pas forcément de ses titres, même si je suis grand fan, mais de l’art de repousser les limites artistiques à chaque décennie. Sa façon de changer de style à chaque nouvel album… C’était un artiste extrêmement talentueux et innovant. Il est pour moi une influence très importante, essentiellement pour son sens artistique, même s’il était un musicien incroyable.

Gus Dapperton à l Olympic Café

Gus Dapperton à l’Olympic Café

Les premiers rangs étaient très jeunes, certains avaient entre 14 et 16 ans, parfois la même coupe de cheveux que vous… Comment vivez-vous cet engouement ?
Gus Dapperton : Je pense que la relation que j’ai avec les gens qui viennent me voir en concert est différente de celle d’autres artistes. Sur scène, nous créons une atmosphère chaleureuse, comme à la maison, je m’adresse beaucoup au public, nous parlons entre nous. Nous sommes tous très jeunes et je pense que je me situe au milieu de la tranche d’âge des gens qui écoutent ma musique. Nous formons tous une grande famille. J’adore venir échanger avec le public avant et après le concert, au stand du merchandising. La période du lycée a été compliquée pour moi, je n’avais pas beaucoup d’amis, aujourd’hui c’est différent, c’est comme un environnement familial.

Beyond Amends, le titre qui clôture votre dernier EP est très beau, plus calme que les précédents. Sur ce titre, vous lâchez la guitare pour les claviers et vous êtes donc plus à l’aise au chant une fois sur scène. Est-ce une formule que l’on pourrait retrouver à l’avenir ?
Gus Dapperton : Je suis habitué à écrire des titres dansants mais celui-ci est une ballade que j’ai écrite il y a deux ans. Il est plutôt rare que j’écrive ce genre de titre. Il n’y a pas d’intention particulière lorsque je compose, cela se fait sur le moment et par rapport à mon mood. Je suis rarement dans le mood dans lequel j’étais pour ce titre mais s’il arrive que je le sois une nouvelle fois alors j’en écrirai d’autres ! Il y aura donc davantage de titres comme cela à l’avenir, qui seront disséminés ici ou là.

Gus Dapperton à l Olympic Café

Gus Dapperton à l’Olympic Café

Vous avez déclaré avoir écrit vos premiers titres alors que vous souffriez de problèmes de santé ainsi que d’un blackout virtuel (Vogue.com, 3 août 2017). Aujourd’hui, votre vie a changé, avez-vous le temps et l’inspiration pour écrire de nouveaux titres sur la route ?
Gus Dapperton : J’écris tout le temps… Même si je ne peux pas enregistrer et produire mes titres durant la tournée, je continue d’en écrire et je mixe d’autres que j’avais pré-enregistrées. Ma créativité est bien évidemment différente mais je ne pense pas que la tournée altère mon rythme de travail, je garde la même cadence.

Vous avez produit des titres pour des artistes hip hop, lorsque vous étiez adolescent à New-York. Qu’en est-il aujourd’hui, pensez-vous avoir le temps pour de la production tout en menant votre projet ?
Gus Dapperton : Je ne pense pas refaire de la production car je préfère me concentrer sur la musique que je veux jouer, ce que je dois encore accomplir dans mon projet avant de pouvoir travailler sur d’autres. Je vais vraiment me focaliser sur ma musique et comment je veux développer mon personnage à l’avenir. Il n’est donc pas prévu que je retourne à la production hip-hop.

Votre concert à l’Olympic Café étant rapidement complet, votre séjour à Paris a été prolongé avec un set à la soirée du Bateau Music Festival au Pop Up du Label. Vous avez eu le temps de vous balader dans la capitale ?
Gus Dapperton : Oui ! Le concert hier (à l’Olympic Café, ndlr) était celui avec la plus grande énergie de la tournée pour l’instant, je ne m’y attendais pas. Le public est très différent de ville en ville mais hier, à Paris, tout le monde dansait et me renvoyait l’énergie que je donnais sur scène. Ce n’était arrivé que sur certains concerts ! C’est donc l’un de mes publics préférés pour le moment.

Pour finir, le souvenir le plus fun de ce début de tournée ?
Gus Dapperton : Nous en avons eu beaucoup… Avec mon groupe, nous avons le même humour, nous nous faisons des blagues tout le temps. Une fois, à Dublin, nous étions tous bourrés et mon bassiste a uriné à travers la fenêtre avant de jeter une part de gâteau sur mon batteur (rires).

EP You Think You’re a Comic, disponible
En concert le 2 juin à This Is Not A Love Song (Nîmes), le 3 juin à We Love Green (Paris) et le 16 juin à La Magnifique Society (Reims)