Après un premier EP impeccable qui a rafraîchi la pop française d’un souffle « new wave », Grand Blanc s’était ensuite enfermé dans ce style jusqu’à épuisement. « Image au Mur » annonce un renouveau du groupe.

Mémoires vives en avait fait les frais. Effet symptomatique de la difficulté de passer d’un format court à une production plus étirée, l’aventure aurait pu s’arrêter là. Le quatuor messin a pourtant su rebondir, puisant dans le succès de sa tournée l’énergie nécessaire pour se libérer de leur froideur, au risque de paraître heureux.

Cet épanouissement se traduit tout d’abord par le processus d’écriture des chansons, beaucoup plus axé sur le live et les instruments. Une chaleur nouvelle émane des titres Belleville et Dans la peau, dans lequel ils avouent d’ailleurs se sentir bien mieux.

Un gain de confiance qui les pousse également à se mettre en danger, s’aventurant dans la balade acoustique Des gens biens, où la voix se trouve au premier plan, exposée. Grand Blanc ose, s’essaye même au hip-hop avec Rêve BB rêve.

Mais Grand Blanc ne renie pourtant pas son ADN, ce goût pour la poésie en noir et blanc, portée par la dualité des voix de Benoit et Camille. L’écriture est appliquée. On trouve de belles tournures de style, des jeux de mots habiles, et toujours des références un brin ténébreuses : Le roman de John Fante Demande à la poussière dans Los Angeles, ou le titre punk electronique Dream baby dream de Suicide, dont Rêve BB rêve se fait l’écho.

Il en résulte donc un album complet, singulier et beau, dont l’équilibre vacillant lui confère un charme certain, à l’image du live unplugged du très planant Ailleurs.

Par cette interrogation sur le pouvoir des images au mur, tantôt posters fantasmagoriques lorsque nous étions adolescents, tantôt clichés narcissiques sur les réseaux sociaux, Grand Blanc dévoile une nouvelle image : celle d’un groupe plus mûr.