Dès ce jeudi, le collectif Noise investira plusieurs lieux de Paris et de sa banlieue pour son festival annuel Le Bruit de la Ville, qui mêle conférences, ateliers artistiques, concerts live et djsets.

Listen up soutient pleinement ce genre d’initiative et est partenaire de cette 4ème édition. Après vous avoir concocté notre sélection d’artistes à découvrir pendant le festival, nous sommes partis à la rencontre de ceux qui se cachent derrière ce bel événement. Cerise sur le gâteau, on vous fait gagner 2 pass 2jours!

Merci à Ilan, Lisa et à Renaud de nous avoir accordé un moment et à Pierre Tâm-Anh, fondateur du festival, pour ses réponses par correspondance !

Qui êtes-vous et que vous faites-vous à Noise ?

Lisa : Je m’appelle Lisa, j’ai 21 ans, je suis étudiante en 1ère année de master et je suis à Noise depuis mon entrée à Sciences-Po depuis que j’ai 17-18 ans. Au début j’étais à la rédaction, puis à la communication et depuis cette année je suis présidente de l’asso et je m’occupe principalement du festival.

Ilan : Je m’appelle Ilan, j’ai 24 ans, je suis vice-président de Noise. J’ai rejoint l’asso en 2014 pour lancer un échec monumental qui s’appelait le Noise shop, on voulait faire du merchandising. Suite à cet échec, on a reconnu mes capacités organisationnelles et intellectuelles et on m’a confié la présidence ! Aujourd’hui je m’occupe à plein temps de l’asso, je gère surtout les finances et les partenariats.

Renaud : Je m’appelle Renaud, j’ai 24 ans, je suis à Noise depuis 2 ans où je me charge essentiellement de la programmation de nos événements.

Votre but est de décloisonner les bulles d’entre-soi, de favoriser la rencontre de personnes qui ne se croiseraient pas au quotidien. Comment vous y prenez-vous et avez-vous le sentiment d’y arriver ?

Lisa : La plupart de nos conférences ont lieu dans les amphis de Sciences-Po, ce qui nous  a permis de faire venir des gens de l’extérieur, qui n’y auraient jamais mis les pieds. Et inversement, on amène notre public parisien dans des espaces qu’ils ne fréquentent pas spontanément, on les encourage à dépasser le périph’ !

Ilan : On est tous bénévoles et notre modèle repose sur des subventions donc nous n’avons pas à nous soucier de rentabilité économique, ce qui nous permet de proposer des tarifs très bas pour une programmation éclectique, accessible et pointue. Notre 2ème levier pour attirer des publics différents est d’inviter les associations des villes des espaces que l’on investit pour qu’ils présentent leurs projets à notre communauté.

Renaud : Notre démarche de mixité sociale s’illustre à travers la localisation de nos événements, puisque l’on investit des lieux à l’intérieur comme à l’extérieur du périph’, des amphithéâtres universitaires et des squats artistiques. Cette démarche nourrit également les thèmes que l’on aborde.  Aussi, on créé la mixité de nos publics grâce à l’éclectisme de la programmation de notre festival. Cette année comme aux éditions précédentes, il y en aura pour tous les goûts avec toujours une place importante accordée au hip-hop. Il y aura du rap parisien assez lisse, un rap de banlieue un peu plus hardcore, des labels indé comme Cracki (Renart, Lucien & the kimono orchestra).

Comment est venue l’idée du festival et quels sont ses objectifs ?

Pierre Tâm-Anh : Le premier c’est de concentrer sous un même toit événementiel de la réflexion collective « La Ville Raisonne » et des festivités « La Ville Résonne », afin de créer une dynamique où chacune des parties du festival constitue une des multiples portes d’entrées dans l’univers Noise. Chacun de nos participants peut choisir sa propre expérience du festival, entre les débats, les ateliers, les concerts, le village associatif ou encore le clubbing.

La deuxième envie, c’est de promouvoir la diversité culturelle de la ville. Le meilleur moyen d’y parvenir, c’est de créer des ponts intellectuels et humains entre les communautés urbaines qui composent la ville, en l’occurrence la région parisienne : les étudiants avec les artistes, les institutions – comme Sciences Po dont sont issus les premiers membres de Noise – avec les associations franciliennes, Paris et sa banlieue. C’est en créant des rencontres horizontales via des événements culturels accessibles (événements de réflexion gratuits et entrée des concerts à 10€ maximum, 6€ pour les étudiants) à toutes et tous qu’on peut faire tomber des préjugés et essayer de décloisonner chacune de ces bulles d’entre-soi.

Ilan : Noise s’est construit autour de trois axes : le magazine, les apéros au sein d’espaces atypiques de Paris ou de banlieue et les conférences. On a voulu mélanger ces trois volets à travers l’organisation d’un festival, pour mélanger la réflexion à la fête.

Renaud : J’ai lu un papier cette semaine qui disait que faire la fête devenait un geste politique. Chez Noise, on a clairement envie de proposer plus qu’une simple fête, on cherche à s’amuser de manière très politique en proposant ce parcours itinérant, en invitant des associations des quartiers à s’approprier le festival.

 

Cette année aura lieu la 4ème édition du festival. Quelle évolution, quel bilan ?

Pierre Tâm-Anh : Depuis notre première édition en 2014, nous avons fait grandir le festival autant qu’il nous a fait grandir.

On était à l’origine des élèves de Sciences Po, maintenant nous avons aussi des étudiants des universités Paris-1, Paris-3, Paris-7 et bientôt Paris-8, ainsi que des jeunes diplômés d’horizons divers. Cette évolution nous a permis d’élargir et de diversifier notre communauté. On est passé de deux à trois jours, de 1000 à 2500 participants en cumulé. Notre festival s’est déroulé à Paris, Saint-Denis, Saint-Ouen, Villejuif et bientôt Montreuil. Chaque édition a son lot de rencontres humaines inspirantes, notamment avec des associations franciliennes comme NadbeezLe ChêneRéchauffons Coeurs et Corps.

Forte de la petite expérience accumulée, notre équipe gagne en maturité collective, ce qui nous permet d’affiner notre programmation, aussi bien dans la proposition artistique que dans les débats. D’ailleurs, cette édition 2017 est nettement plus engagée politiquement avec une masterclass du groupe La Rumeur ou encore une table-ronde sur la place des femmes non-blanches dans le paysage culturel français. Notre ambition est ainsi de déconstruire des sujets complexes comme nos quartiers populaires et notre héritage culturel post-colonial, et ce avec dignité et convictions, sans haine ni tabou.

Justement, comment travaillez-vous avec les associations locales pour qu’elles s’approprient votre événement ?

Lisa : A chaque édition, on organise un midi-minuit, et c’est surtout dans le cadre de ce format qu’on les invite à participer à la programmation. Ça passe par un gros travail de terrain pour  les rencontrer et également par la communication au niveau local de notre événement.

Et pour cette édition, quelle forme prendra cette collaboration?

Lisa : Cette année, le Midi-minuit aura lieu au sein de la maison de la jeunesse de Saint-Denis, qui est déjà un lieu très fréquenté par les jeunes du coin. On a choisi ce lieu pour capitaliser sur cette fréquentation habituelle. Il y a des collèges et lycées tout autour. Cette année encore, il y aura du sport, de l’art, des ateliers, de la création. Par exemple, il y aura une scène ouverte réservée aux femmes, un atelier d’initiation au self-défense exclusivement réservé aux femmes  animé par  « Girl fight, » une asso de Saint Denis, il y aura de la danse, du graffiti, un atelier de linogravure, une exposition d’un collectif d’architectes qui a travaillé sur la jungle de Calais.

A l’occasion de cette 4ème édition, vous avez choisi de présenter les artistes de votre programmation en créant des petites capsules vidéos où ils sont plongés dans leur environnement quotidien. Par exemple, vous avez suivi le rappeur Ichon dans le restaurant tenu par sa mère à Montreuil.  Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Renaud : A l’origine, l’idée était de créer une véritable interaction entre le public et Noise et de rendre le festival un peu plus vivant.  Après, comme Noise s’intéresse à des problématiques de la ville, on a voulu savoir comment les artistes vivaient la et leur ville, et à partir de là, l’équipe de la rédaction a commencé à faire des interviews autour de ce thème.  Pour la petite histoire, parce que notre soirée club se passera à Montreuil cette année (NDLR : au Chinois), on a eu l’idée de faire un mini documentaire sur la « Montreuil Connexion », avec Prince Waly, Ichon et l’Uzine, car ils ont le point commun de beaucoup revendiquer Montreuil. On voulait savoir si le territoire était toujours pertinent quand on est musicien aujourd’hui, on a donc décidé de creuser les liens entre hip-hop, musique et territorialité à travers ce documentaire. (bientôt disponible !)

Enfin, petite question liée à Listen Up dont l’ambition est de dénicher les talents de demain. Quelles sont vos dernières découvertes musicales et qui aimeriez-vous  programmer au festival l’année prochaine ?

Renaud : L’an dernier on a eu beaucoup de jeunes pousses comme Songe, Take a Mic, mettre en valeur les nouveaux talents fait aussi partie de nos objectifs !  Cette année, on a des artistes qui ont relativement tourné mais on laisse la part belle aux artistes émergents comme avec Ichon ou Prince Waly. S’agissant de mes dernières découvertes, je suis assez fan de l’artiste parisien Manast LL’,  du groupe Escape from Acapulco qui fait de la pop-funk electro, ou encore de Burning Peacocks, de la bonne pop hyper bien produite ! ! Malheureusement, on n’a pas pu les faire jouer à cette édition mais on aurait bien aimé !

Lisa : Moi j’écoute beaucoup Sofiane (Fianso) en ce moment et un crew du New Jersey qui s’appelle 070, surtout l’artiste Shake.

Ilan : J’aime bien un rappeur normand qui s’appelle Alivor, qu’on a voulu faire venir à l’édition de cette année, un protégé de Médine. Sinon je viens de découvrir ce que faisaient les Sheitan brothers et j’ai trouvé ça vraiment bien.

Généralement, je prête une oreille très attentive à tout ce qui mélange rythmes africains ou latinos avec de la house ou du hip-hop, une approche qui a tendance à se développer aujourd’hui!

Event: https://www.facebook.com/events/574253519447510/

Pour ceux qui souhaitent prendre part aux festivités, Listen up te fais gagner 2 places pour le festival!

Pour participer  :

Votre nom + Prénom (obligatoire)

Votre email (obligatoire)

Sujet: nom de la soirée

Votre message