Quand le rock inspiré des Pink Floyd rencontre des synthés modulaires DIY qui tapent, ça donne Atoem, un duo formé par Gabriel Renault et Antoine Talon.  Et quand Atoem créent eux-même leur scénographie et qu’ils l’amènent sur scène pour augmenter la musique qu’ils jouent, ça donne un moment de justesse absolue, extatique en vidéo, jouissive en live! 

A l’occasion de la sortie de leur remix de Meute, ‘Infinite’, on est allés à la rencontre de ceux qui se cachent dans le contre-jour de leurs motifs lumineux, pour décortiquer avec eux ce qui se trame derrière les monceaux de câbles qui dévalent de leurs synthés. Particulièrement ce qui s’annonce pour 2023…!

 

Comment est né Atoem ?

G : On a commencé à faire de la musique rock, en formation guitare-basse-batterie. On a mis de plus en plus d’électronique et de synthés dans notre musique et on a fini par séquencer les autres musiciens. De trois et on est passé à deux. On fait une petite bise à l’autre musicien des débuts !

Atoem au Point Ephémère ©Mickaël Burlot

 

On vous a découvert aux Transmusicales en 2018, que vous a apporté cette expérience ?

A : On avait fait à peine dix dates avant, dans des bars, des squats. Ca nous a apporté une rigueur de travail dans la préparation du live : pendant trois mois on était enfermés et on a travaillé. Et suite aux Transmusicales, on a eu une cinquantaine de concerts qui ont été bookés.

G : Quelques mois après, Wart nous a mis dans son roster.

 

Il y a une évolution entre vos différents EPs, bien marquée avec votre récent EP « Live Sequencies ». Pouvez-vous nous parler de ces évolutions?

A : L’EP live porte bien son nom, puisque ce sont des morceaux qu’on a repris du live, dont les sonorités sont un peu plus club, plus rapides et tirent vers l’acide. Les autres morceaux partaient d’une base de composition plutôt pour une écoute de salon.

G : Les différences de sonorités entre le premier et le second album viennent notamment de la maturité qu’on a en travaillant avec des machines, les différents synthés qu’on accumule, et dont on comprend peut à peu comment mieux les moduler et trouver des textures plus complexes.

 

L’EP « Live Sequencies » comprend trois morceaux inédits. Seront-ils travaillés en studio par la suite ?

A : Ce sont des morceaux qu’on avait dans les tiroirs et qu’on avait plaisir à jouer. ‘Alyve’, par exemple, on ne l’a joué qu’une seule fois, lors d’une captation vidéo sur la côte sauvage (sur la presqu’île de Quiberon, ndlr.), alors qu’on ne le joue pas en live, mais ça amène du contraste sur un EP live. Pourquoi pas sortir ces trois morceaux sur un format plus classique. On les a bien aimé sur le coup, donc pour l’avenir on verra.

G : On est déjà passés à autre chose ! Ca fait un an qu’il y a des nouvelles choses dans les tuyaux. Ces morceaux viennent d’une temporalité différente.

 

On connaît plus Atoem comme un projet live. Est-ce que le studio prend un peu plus de place dans votre manière de construire les morceaux?

A : Carrément, on travaillait beaucoup sur les lives et moins en studio, et c’est en train de s’inverser.

G : On est colocataires et notre studio est dans notre maison, à Nantes.

A : On a récupéré la chambre parentale, on a viré le lit et on a mis tous les synthés dedans.

G : Après on ne va pas se mentir, la plupart des compos sont faites au calme, dans le lit.

 

Vous en êtes à quatre EPs. Allez vous conserver ce format ou travailler sur un album?

G : On travaille actuellement sur un album. Horizon printemps 2023, donc là on est vraiment dedans. L’EP live est aussi une manière de patienter jusqu’à l’album !

A : On travaille sur une trentaine de démos !

G : Il y aura environ un total de quinze morceaux, que du nouveau.

 

Quel serait votre Atome préféré ?

A : L’Hydrogène !

G : Fusion !

A : Il vient de trouver la D.A. de l’album ! L’album va certainement s’appeler « Entropie », je ne vous en dis pas plus.

G : Il s’avance de ouf !

 

Quels sont les groupes / artistes qui vous inspirent ?

A : Weval est une très grande source d’inspiration, comme tous les artistes qui viennent de leur label.

G : Il y a un duo parisien qui s’appelle Egyptology, qui ne travaille qu’en synthés analogiques. Leurs harmonies sont tarées et hyper élégantes. Ils ont sorti un album de musique expérimentale il y a deux ans.

 

Vous parlez de Weval comme source d’inspiration. Souhaiteriez-vous, comme eux, développer à l’avenir un live avec plus d’instruments et pourquoi pas mêlant instruments modulaires et classiques ?

G : Oui complètement, je suis batteur de formation en plus, donc je serais partant pour une formation étendue qui intègre cet instrument.

A : Ramener une batterie organique, et aussi une voix lead, comme Weval, c’est carrément canon.

G : Dans l’album à venir, il va y avoir beaucoup plus de sonorités de drums acoustiques. On va les jouer en séquencé dans un premier temps, mais peut-être qu’un jour ce sera joué en live. Peut-être pas pour une tournée entière mais pour une petite série de concerts.

 

Y a t-il des collaborations que souhaiteriez faire avec d’autres artistes ?

A : Weval !

G : A l’heure actuelle on a des idées, donc c’est trop tôt pour en parler. Sur de la réalisation vidéo, des collaborations avec de la voix… Comme on a pas encore fini l’album c’est difficile d’acter la chose. Le remix de Meute en dévoile un peu plus!

 

Comment vous est venus la volonté d’avoir une scénographie ?

A : On y pensait déjà quand on préparait le concert pour les Transmusicales, en 2018, même si on a pas eu le temps de développer le sujet à ce moment là. Ca fait pas mal de temps qu’on suit des collectifs comme le collectif Scale, Nonotak ou 404 zéro, qui font des choses incroyables.

G : C’est une manière d’ajouter une autre dimension au live, quelque chose de très immersif. En ce moment on travaille beaucoup sur les lumières contre, qui découpent plus nos silhouettes sur scène. La scénographie et la musique forment un tout. Antoine est un énorme geek et électronicien à la base, et de faire cette scénographie l’a juste fait triper en fait !

A : J’ai fabriqué ça dans le garage de mes parents. On a travaillé les visuels en résidence par la suite, à Nantes, au 23, à Stéréolux, etc… On avait une première version, V moins 2 on va dire, qu’on avait présentée au MaMA Festival, puis on l’a fait évoluer pour aboutir à la scénographie qu’on a aujourd’hui. Pour le concert au Point Ephémère, c’est un format réduit : normalement elle est deux fois plus grande. Là on est sur 4 x 2 mètres, normalement elle fait 8 x 2 mètres.

 

Y a t-il des références qui apparaissent dans les motifs que vous faites vivre en lumière ?

G : Pas directement. Tu verras souvent apparaître un triangle, des choses très symétriques avec une espèce de profondeur comme un trou noir, quelque chose qui fait référence à l’espace.

A : La scénographie est l’outil de ce qu’on a envie de ce qu’on a envie de montrer pendant le show. Ca nous donne parfois des idées pour enrichir le live, pour encore plus réussir à synchroniser la lumière et le son, ce qui est hyper impactant. Tout est calé en amont, rien n’est audio-réactif.

ATOEM

Atoem au Point Ephémère ©Mickaël Burlot

 

Quels sont les espaces dans lesquels vous trouvez que votre scénographie marche le mieux ?

G : Dans les espaces confinés, des salles pas trop grandes.

A : Dans une salle comme le Point Ephémère, même si on ne peut pas mettre la scénographie en entier, ça marche particulièrement bien.

G : Au delà de la scénographie, on préfère jouer notre musique dans des espaces plutôt confinés. Comme une manière de créer une espace de cocon immersif, peut-être?

A : C’est une question de sensation, dans un endroit clos et sombre on va beaucoup plus sentir la musique. Et ça permet justement de développer la lumière avec le son.

 

Quelle serait votre scénographie idéale ?

A : On et en train de penser une V2 ! Alors qu’on a pas encore complètement sorti la V1…

G : On aimerait bien mettre du laser !