Après avoir été tour à tour Reine d’Angleterre, dictateur d’une île déserte, et plus récemment Président de la République dans l’absurde Gaz de France de Benoît Forgeard, dans quel rôle allons-nous retrouver Philippe Katerine cette fois-ci ?

Philippe Katerine a décidé de nous chanter des comptines au coin du feu sur son 10e album studio sobrement intitulé Le Film. Il endosse le costume d’un Père Castor halluciné pour nous raconter à quoi ressemble la vie à travers ses yeux. Jamais pareil, toujours le même. Après 25 ans de carrière, Philippe Katerine reste cet hypersensible témoin de l’absurdité du monde et conteur de l’impossibilité des sentiments.

Surprenante à la première écoute, la formule piano-voix-contrebasse ultra dépouillée –parfois agrémentée de chœurs d’enfants- devient une superbe idée quand on commence à se pencher sur le texte. Rarement l’interprétation de Katerine n’aura été aussi incarnée. Il joue plus qu’il ne chante. On passe du rire aux larmes en une fraction de seconde. C’est un véritable manège aux pays merveilleux de la désillusion et de l’absurde réalité. On pense très souvent à Boris Vian et on se dit que Joan Sfar ne s’était pas trompé en demandant à Katerine d’interpréter l’écrivain-chanteur dans son Gainsbourg, vie Héroique.
Même s’il paraît difficile de détacher des morceaux de cet ensemble homogène, on retiendra quand même Automobile, La Seine et le nostalgique final Moment parfait.

Le Film est un objet sonore qui parle à la fois à l’imaginaire et au réel, et qui met en scène les rêves d’un Peter Pan s’étant finalement résigné à grandir. Surtout, cet album révèle un artiste à part dont la sensibilité a longtemps été écrasée sous les artifices de la production.

Le Film est sorti le 8 avril 2016 sur Cinq 7 / WAGRAM.

En concert le 13 avril au Printemps de Bourges et en tournée dans toute la France.